I- Des mots du fond des âges et des mots anciens:
1. Des mots du fond des âges:
La France a été occupée par des populations, de façon continue, depuis des temps très anciens. Et ces populations ne nous ont pas laissé seulement des monuments et des objets qu'étudient les archéologues; elles nous ont aussi légué des mots. On peut considérer comme très anciens les mots encore en usage et qui viennent des peuples que l'on nomme:
Voici quelques exemple de populations qui ont occupé la France:
a)- Les Aquitains et les Ibères, qui vivaient dans le Sud-Ouest de la France, et les Ligures, qui occupaient le Sud-Est. Il nous reste d'eux des noms de lieux, des mots comme isard, gave (mots des Pyrénées) et comme chamois, chalet, luge (mots des Alpes).
b)- Les Gaulois, c'est-à-dire les peuplades celtes qui occupèrent progressivement la France. La plupart des mots qu'ils nous ont légués sont des termes concrets de la vie rurale: chêne, bouleau, tonneau, sillon, char et charrue (qui furent adoptés par les Romains); nombre d'entre eux survivent aussi dans des noms propres de lieux: Avallon (aballo, "pomme"), Bièvres (beber, "castor"), etc.
Consulter une chronologie abrégée de l'histoire de la France.
2. Des mots anciens:
Après la conquête de la Gaule, au 1er siècle avant Jésus-Christ, le latin devint la langue de l'administration, de l'église, du droit et de l'armée. A côté du latin classique naquit ainsi une langue parlée: si l'on prend les 1000 mots les plus fréquents en français d'aujourd'hui, 50% des mots proviennent directement de ce latin parlé en Gaule.
Avant les grandes invasions (de la fin du IVe siècle à la fin du VIe siècle) et avec ces invasions, des mots germaniques, apportés par les Francs, les Wisigoths, les Burgondes, etc., se sont mêlés aux mots du latin parlé. Ils tiennent dans la langue française une bien plus grande place que les mots gaulois; ce ne sont pas seulement des noms, mais aussi des adjectifs et des verbes.
3. Un ensemble homogène:
On pourrait croire que ces mots gaulois, latins et germaniques se sont ajoutés les uns aux autres, comme les couches de terrain que l'on peut voir dans une carrière, superposées les unes aux autres. Il n'en est rien. Ces mots d'origines et d'âges très divers se sont peu à peu regoupés pour former un bel amalgame. Tantôt on rencontre des couples d'opposés germaniques-latins: haïr-aimer, gagner-perdre, guerre-paix, etc. Tantôt on a affaire à des ensembles complémentaires: chêne (gaulois)-hêtre (germanique)-peuplier (latin).
II- Des mots des quatre coins du monde:
1. Le grand réservoir du latin:
Ce stock de mots gaulois, latins (du latin parlé) et germaniques, c'est en quelque sorte le français au berceau. Il a grandi, il s'est enrichi. Et tout d'abord en se réapprovisionnant au grand réservoir du latin classique. Les mots qui lui ont été ainsi repris sont des emprunts. Souvent, c'est le mot latin tel quel, ou à peine modifié: animal, plante, lavabo, examen, prospectus, famille, agenda, humus, mica, etc.
2. Un habit d'Arlequin:
Au long des siècles, la France s'est trouvée en relations avec un nombre de pays de toutes les parties du monde: relations commerciales, guerres, voyages de découvertes. Les hommes ont été en contact les uns avec les autres, et du même coup, les langues. Les choses (produits, plantes et animaux) ont voyagé, et avec elles les noms qu'elles portent dans leur pays d'origine. Des centaines de mots étrangers sont ainsi entrés en français: ce sont des emprunts. Citons les principaux:
Les emprunts à l'italien, au nombre de 850 environ: nom de légumes et de fruits, termes militaires, termes de l'architecture et des arts, etc.
Les emprunts à l'espagnol, au nombre de 300 environ: beaucoup sont des mots exotiques désignant des fruits (tomate, ananas), des produits (tabac, cacao), des objets (canot, hamac), etc.
Les emprunts à l'anglais: termes du vocabulaire du tourisme, des sports et des chemins de fer (rail, wagon, train